« Être francophone pour moi ça représente... » un portrait de la diversité franco-ténoise au Collège Nordique

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En cette Journée internationale de la francophonie, il nous semblait évident de mettre de l’avant l’impact de la langue française, la place qu’elle occupe dans l’identité des personnes de notre équipe multilingue et multiculturelle, mais aussi sa valeur dans un contexte minoritaire aux Territoires du Nord-Ouest. Ce fut un exercice plus inspirant et touchant que prévu, preuve de l’importance de célébrer des parcelles de nous que l’on peut parfois prendre pour acquises. Bonne lecture! 

« Vivre dans une communauté francophone minoritaire donne du sens à ma vie. En effet, j’ai le sentiment que choisir de vivre et travailler en français est un geste politique. En honorant mes racines et ma culture, je contribue à la diversité linguistique des Territoires du Nord-Ouest. Il faut dire que la communauté francophone de Yellowknife est très hétérogène. On y croise des personnes venues de partout au pays et en provenance de plusieurs régions du monde. Je me sens privilégié de faire partie d’une communauté qui reste aussi inclusive, soudée et engagée. » 

« Être francophone, pour moi, c’est porter une partie de mon identité mauricienne tout en découvrant de nouvelles facettes de la langue française ici, au Canada. À Maurice, le français est omniprésent dans notre quotidien, bien que le créole mauricien soit la langue la plus parlée. Ayant grandi dans un environnement multilingue en parlant le créole mauricien, le français, l’anglais et l’hindi, j’ai toujours vu le français comme une porte ouverte sur l’éducation et la culture. Pourtant, après avoir vécu un moment à Terre-Neuve, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de le pratiquer. Je me réjouissais donc toujours des vacances au Québec ou au Nouveau-Brunswick, juste pour pouvoir parler français, haha! 

Ce qui me touche le plus, c’est la communauté francophone des Territoires du Nord-Ouest, vibrante et accueillante. Ici, les accents du monde se croisent – France, Bruxelles, Québec, Cameroun… et chacun trouve sa place. J’adore rencontrer des personnes lors des activités organisées par la communauté, tissant ainsi des liens grâce à cette langue qui me rappelle mes racines tout en m’ouvrant à la diversité des cultures francophones.  

Le français crée des liens entre nous, reliant nos cultures et nos histoires, nous permettant de partager des moments uniques, d’échanger nos perspectives et de bâtir une communauté ouverte et diversifiée. Il nous unit, transcende les frontières et célèbre nos différences. Je suis fière d’être francophone, de vivre cette richesse chaque jour et d’évoluer dans un environnement dynamique où la langue devient un véritable pont entre les cultures. » 

« Je n’ai pas eu la chance d’avoir une facilité innée avec ma langue maternelle. À l’école, j’ai rencontré des difficultés d’apprentissage (trouble de l’attention, autisme, narcolepsie) et ces blocages m’ont souvent amenée à remettre en question ma valeur. En 4e année du secondaire, la personne enseignante de français, la plus exigeante en plus, avec qui je passais tous mes dîners en rattrapage m’avait inscrite au concours de poésie Paroles et Musique à mon insu. Elle m’avait déclaré, les bras croisés : « Arrête de travailler le français avec ta tête et rédige-le plutôt avec ton cœur. » Je me souviens que cette phrase avait réellement transformé ma relation avec l’écriture du jour au lendemain et j’ai fini par remporter le concours aux niveaux local, régional et provincial. 

Après ce moment marquant, mes cours de français m’ont redonné confiance en moi et m'ont donné le courage de poursuivre mes études en communication appliquée à l’Université de Sherbrooke, et ce, malgré mes grandes difficultés d’apprentissage et une pandémie mondiale. Contre toute attente, lors de ma dernière année universitaire, j’ai gagné le prix du publireportage coup de cœur dans un cours, celui de la meilleure nouvelle créative dans un autre et j’ai fondu en larmes lorsqu’on m’a pré-admise à la maîtrise grâce à mes excellents résultats scolaires. Je n’en croyais pas mes oreilles! Je me suis améliorée en écriture, certes, mais cette compétence est aussi devenue un moyen d’expression personnel qui a profondément amélioré ma santé mentale, mes relations et donné un nouveau sens à ma vie. 

Et cette année, on m’a offert un poste de rêve en création de contenus marketing au Collège Nordique. Avoir l’opportunité d’écrire des textes dans la langue qui m’a donné le courage de devenir qui je suis, d’exprimer des valeurs profondément ancrées en moi, entourée de personnes extraordinaires qui les partagent, c’est réellement un cadeau. Je suis extrêmement fière d’être francophone et de travailler en français, ici, aux TNO. » 

« Le français est une langue riche en subtilités et en nuances. J’apprécie particulièrement écouter de la musique en français, et je me plais à explorer divers styles tels que le hip-hop, le jazz ou encore la variété française. De plus, je suis passionné par la littérature francophone, que je trouve d’une grande diversité et d’une richesse incomparable. 

Étant à la fois français et libanais, le français revêt une importance particulière dans les deux cultures. Bien qu’il soit une langue seconde au Liban, il demeure très présent dans la vie quotidienne. J’apprécie également la variété des accents que l’on peut entendre en français, que ce soit en France, au Canada ou dans d’autres régions du monde, ce qui témoigne de la richesse et de la diversité de notre langue. 

Je ressens une grande fierté d’être francophone lorsque je voyage à l’étranger, car le français est souvent perçu comme une langue empreinte de romantisme et de culture. » 

« Être francophone, pour moi, c’est une véritable richesse. En plus d’être un moyen de communication, la langue française me permet de m’ouvrir au monde, de partager des idées, des émotions et de tisser des liens. 

Être francophone à Yellowknife, dans une ville où la communauté francophone est minoritaire, me donne un sentiment de fierté unique. C’est un défi parfois, mais aussi une occasion de partager et de promouvoir cette langue et cette culture dans un environnement diversifié. 

Être francophone dans mon pays, le Cameroun, signifie porter un héritage complexe. La langue française est souvent perçue comme un héritage de la colonisation, mais c’est aussi une langue qui nous permet de dialoguer au sein de notre pays, avec d’autres nations africaines et même avec le monde entier. Pour moi, être francophone, c’est se réapproprier cette langue, l’utiliser comme un outil de développement et de connexion, tout en restant fidèle à ses racines culturelles. » 

« La langue française a une place fondamentale dans ma vie! J'ai la chance de pouvoir travailler en français et d'appartenir à la communauté francophone de Yellowknife, et elle me le rend tellement bien. Venant de France, c'est un plaisir de découvrir les richesses et la diversité de la langue française au Canada, ainsi que celles de toutes les personnes francophones de mon entourage à Yellowknife et d'ailleurs. Je suis fière et reconnaissante de contribuer à développer la francophonie et de soutenir la communauté francophone. Je n'aurais jamais pensé être aussi bien accueillie et considérée au sein de la communauté franco à des milliers de kilomètres de mon pays d'origine. Cela reflète le pouvoir et la force de notre langue. Vive le mois de la francophonie!  »

« Je suis né en France, en Normandie, et le français est ma langue maternelle tout comme celle de mes parents et de mes grands-parents. Le français a donc bercé toute ma vie jusqu’à ce que je me mette à voyager à l’étranger. 

Pendant environ 10 ans, j’ai vécu principalement à l'étranger, notamment en Chine. Le français est alors devenu une langue secondaire, l’anglais étant celle que j’utilisais principalement dans mon travail, et ce, jusqu’à mon arrivée à Yellowknife. Tout de suite, j’ai été très impressionné par à quel point la francophonie est vivante, vibrante et active ici. J’ai été surpris par le nombre d’associations qui promeuvent le français, que ce soit la FFT, le CNF, le CDETNO, les médias ténois, et par le nombre d’activités proposées, notamment par la CFA pour les nouvelles personnes arrivantes. 

Depuis que je suis au CNF en tant que gestionnaire de projets, je travaille notamment pour développer la pratique du français dans les domaines de la santé et des services sociaux, et je dois dire que c’est hyper gratifiant. C’est passionnant de travailler à accroître et revitaliser le français en situation minoritaire, comme c’est le cas aux TNO, car après tout, c’est ma langue maternelle, c’est une belle langue et j’y suis fortement attaché. Je suis très fier de participer à dynamiser la pratique de la langue de mes parents. D’ailleurs, quand j’en parle à ma famille en France, celle-ci est souvent étonnée du fait que le Canada semble faire en définitive plus d’efforts pour la préservation du français que la France elle-même. » 

« Sur le plan culturel, le français a eu de l’influence sur moi en littérature, car toutes les œuvres que je lisais étaient en langue française, tout comme les films que je regardais. 

Dans mon pays natal, le Cameroun, il y a deux langues officielles, le français et l’anglais, mais, contrairement au Canada, la majorité de la population est francophone, avec près de 90 % de personnes locutrices. Je trouve que la communauté francophone des TNO est vraiment diversifiée, avec des personnes venant de différentes régions d’Europe, d’Afrique et du Canada. » 

« Depuis mon enfance, le français fait partie intégrante de mon identité, au même titre que ma langue maternelle. J’ai grandi en l’apprenant, je l’ai utilisé tout au long de mon parcours scolaire et professionnel, et aujourd’hui, c’est la langue dans laquelle je me sens le plus à l’aise pour exprimer mes idées et valoriser mes compétences au Canada. 

Mon choix de m’établir aux Territoires du Nord-Ouest a été influencé, entre autres, par la présence du Collège Nordique, un établissement francophone qui me permet d’évoluer dans un environnement où je peux travailler et échanger dans ma langue. Être francophone ici, c’est appartenir à une communauté certes petite, mais dynamique et solidaire, où chacun partage non seulement une langue, mais aussi des expériences et des aspirations communes. » 

« Le français et l’anglais sont les deux langues officielles au Cameroun, héritées de la colonisation, avec une forte dominance géographique et langagière du français. 

Cet héritage linguistique, profondément ancré dans notre quotidien, a tendance à rivaliser avec les dialectes et autres langues maternelles qui, malheureusement, se perdent chez la jeune génération. En raison de la légendaire diversité culturelle camerounaise, l’accent du français parlé sert à identifier les francophones du Nord, du Centre, de l’Est et de l’Ouest du pays. 

Retrouver cette diversité des accents dans l’expression du français, selon l’origine des personnes, a été l’une des surprises à mon arrivée au Canada, en plus du contraste frappant de son usage. Une communauté minoritaire, face à l’omniprésence de l’anglais! (Dans les services publics, les grandes surfaces, le transport, la communication générale, etc.). Une minorité présente malgré tout, et surtout active, heureusement! 

La communauté francophone de Yellowknife arbore fièrement son multiculturalisme et sa diversité d’origines. Ses structures ont mis en place un programme socio-culturel d’accueil des nouvelles personnes arrivantes, en multipliant activités, ateliers, formations, pour le partage, la pratique et l’expansion de la langue française, tout en préservant les cultures des communautés qui la composent. Le Collège Nordique est l’expression par excellence de la diversité et de la richesse de cette langue. »  

« Bien que j’aie déjà été conscient de la fragilité du français en Amérique du Nord alors que je vivais au Québec, ma province d'origine, je suis encore plus sensible à la situation maintenant que j'évolue dans la francophonie minoritaire un peu partout au Canada. Mais Dieu qu'il y a de l'énergie, de l'imagination et du dévouement pour la cause, car les projets fusent de partout! Je me sens particulièrement utile à cet égard en participant depuis peu au développement du Collège nordique dans les Territoires du Nord canadien ; magnifique projet porteur dans les circonstances! » 

« Le français, c’est la langue avec laquelle j’ai grandi et que je parle chaque jour, que ce soit avec ma famille, mes amitiés ou dans le cadre professionnel. Même si je n’ai pas eu l’opportunité d’apprendre mon dialecte, le français me sert de passerelle pour échanger avec les autres, comprendre le monde qui m’entoure et me faire entendre. » 

« Descendante de grands-parents immigrés italiens et polonais, je suis née et j’ai grandi en Bourgogne, en France. Le français est ma langue maternelle, celle qui unit ma famille et nous permet de nous comprendre. En immigrant au Canada en 2022, j’ai progressivement réalisé que le français n’appartenait pas qu’à la France. C’est une véritable déconstruction d’une idée profondément ancrée : celle que la langue française appartient forcément à LA France. Une pensée subtilement inculquée à travers l’école, la culture et l’attitude générale, sans que l’on en prenne vraiment conscience. 

Même en connaissance d’autres pays et populations parlant français, je n’avais jamais réellement saisi la portée du mot francophonie. Aujourd’hui, après trois ans au Canada et des expériences enrichissantes auprès de francophones de divers horizons, j’ai compris qu’il ne s’agit pas de la francophonie, mais des francophonies. Chacune avec sa manière unique de faire vivre la langue. 

Parallèlement, en côtoyant ici des personnes d’autres langues et cultures, j’ai pris conscience à quel point le français est une langue magnifique : mélodieuse, riche, nuancée… mais aussi complexe à apprendre et à maîtriser. J’aime écrire des poèmes lorsque l’inspiration me vient, et c’est particulièrement un plaisir de le faire en français, puis de les lire à voix haute pour m’enchanter des sonorités. 

Pour moi être francophone, c’est être fière de vivre cette langue au quotidien, tout en restant humble et ouverte à la partager avec tout le monde. »

« Née en Ontario, de parents vietnamiens ayant fui leur pays pour offrir un meilleur avenir à leur famille, j’habite dans les TNO depuis 2012. Bien avant ma naissance, mon oncle Quân a appris le français au Vietnam, avec des missionnaires québécois. Pendant la guerre du Vietnam, son bilinguisme lui a permis d’éviter le front en devenant interprète pour les officiers. Après la guerre, il fut remercié pour son service et autorisé à émigrer au Canada. De nombreuses années plus tard, je me découvre une facilité pour l’apprentissage de la langue française, sûrement grâce aux phonèmes vietnamiens que je maîtrisais dans mes jeunes années. 

Quand j'étais jeune, je suis allée à l’école en anglais, mais j’ai toujours aimé la langue française! Lorsque l’opportunité de poursuivre mes études en France s’est présentée, je l’ai bien sûr saisie. Pendant trois ans, j’ai suivi un baccalauréat en didactique du français langue étrangère à Paris, avant de retourner en Ontario, où j’ai obtenu un baccalauréat en éducation. Grâce à ces expériences, j’ai pu débuter ma carrière comme personne enseignante de français au Collège Nordique à Yellowknife en 2015. Dix ans plus tard, je suis encore là, en tant que direction de la formation et de l’enseignement. Qui l'aurait imaginé! »